mardi 15 janvier 2013

un spectateur des minis mardi midis nous envoie le texte qu'il a rédigé après notre dernier concert. Il nous autorise à vous en faire part...Dégustez!

Il m’est arrivé une mésaventure des plus banales. Elle pourrait se résumer en trois, quatre mots. Ce mardi,  j’étais allé au Concert de Midi au Cercle de l’Emulation écouter l’extraordinaire Alléluia de Haendel, j’avais revu des amis que j’aimais, que j’aimais beaucoup … j’étais resté sur un petit nuage … et ai vécu mon désagrément avec enchantement.
J'avais un rendez-vous à 17 heures sur les hauteurs de Spa pour la signature d’un contrat d’apprentissage. L’entreprise me fait savoir qu’elle sera en retard d’une bonne heure au moins alors et, pour attendre, je me gare sur un accotement  de chemin, mange mon croissant et écoute la Fantaisie pour Piano en Ut Majeur de Franz Schubert. Calé dans mon siège, je ferme les yeux et me laisse aller à mes douces rêveries. Ma voiture, ma fidèle sous la pluie battante en fait autant.  
Bien mal m’en prit, l’accotement n’était pas digne d’écouter la fantaisie que je lui offrais, non un vulgaire déport de chemin sans âme, simple réceptacle des ruissèlements des coteaux voisins. Durant cette heure de quiétude ma voiture, en osmose avec son maître, se sera laissé aller bercée par la douceur des notes, cherchant elle aussi sa place dans son lit… Au  réveil, elle reposait affalée confortablement sur son châssis.  On ne voyait plus que la moitié des roues, la boue arrivait au rebord de la porte. Schubert m’aurait conseillé  « Le Gai Laboureur » mais oui : « Oh là les gars c’est le temps des labours le sol fraichit déjà l’automne est de retour, le soc brillant ouvre un large sillon et fait gémir l’épaisse motte de limon,  ».  
Non Non Non Dominique, il faut passer à l’action. Courageuse, la BM a montré qu’elle ferait tout pour ne pas me laisser tomber. Fière de ses pneus neige aux zébrures immaculées, elle aura tout fait, ils crissaient ces pneus jusqu’aux aiguës, pour me dire écoutez comme je me bats. En avant, en arrière, en avant en arrière, … et encore et encore pour tenter de se frayer le passage vers une terre promise  . . . pas moyen, j’en finis même par espérer un bon « HARD ROC » sur lequel elle puisse s’accrocher.
Comme la chèvre de Mr. Seguin, ma voiture se sera débattue marquant le ravin de son combat désespéré et  courageux. De mon côté, j’ai tout fait dans le noir pour l’aider. Peinturluré de boue comme indien sur le chemin de la guerre, j’étais maquillé sans le savoir par la magie de l’effort.  Mon courage et ma ténacité n’ayant pu que me faire reculer à chaque fois plus loin, j’en revins à renoncer, oui cela m’arrive aussi,  et c’est « at patubus » que je m’en suis allé.
Au rendez-vous, mon col amidonné ne cadrait plus avec mon pantalon. Vu l’état des chaussures, je fus accueillis à l’atelier. « Nous savions cher Monsieur, que vous êtes un homme de chantier, voire un homme de terrain ». J’ai  bien du raconter ma mésaventure à la hilarité générale.
Avec ses 2 tonnes 2, il aura fallu le camion pour dégager la courageuse ;  « Bien sur Mr S., il faisait noir, vous auriez pu croire que c’était de la neige car vos lunettes sont maculées, vous n’étiez pas sensé savoir que Spa est le pot de chambre de la Belgique, …  » bref, S. honteux et confus, jura mais un peu tard qu’on ne l’y prendrait plus.   
Pensant avoir clos le chapitre, le lendemain, dernier jour d’école, il y avait un certain relax en classe et mon histoire a provoqué la hilarité générale : « il parait que Mr. S. postule pour devenir professeur de terrassements …. qu’il excelle dans la réalisation de tranchées, je vous jure profondes et bien alignées, … ce qui m’a valu une salve d’applaudissements quand je suis arrivé.
Moralité : Ne cherchez plus la célébrité, elle vous attend au détour du chemin.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire